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VIVE LE DIALOGUE SOCIAL ! (AOUT 2021)

Etat des lieux :

En 2019, selon le baromètre du dialogue social réalisé par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), 72 % des personnes interrogées estiment que le dialogue social ne fonctionne pas bien en France

Souvent mise en avant dans les médias, l’image d’Epinal du syndicaliste français est souvent apparentée à l’opposition systématique et à la grève.

Avec 8.8% de syndiqués dans le privé en 2018, un chiffre stable, on constate néanmoins ces derniers temps que les salariés semblent se détourner petit à petit de leurs défenseurs historiques.

La notion de solidarité fait moins recette, en tout cas au travail et les nouveaux salariés préfèrent jouer leur carte personnelle. Souvent très bien informés, ils estiment pouvoir se défendre seuls et n’hésitent pas à quitter l’entreprise si l’herbe est plus verte ailleurs.

Selon l’étude précitée du Cevipof de juin 2019, plus de 60 % des salariés interrogés n’avaient « plutôt pas » ou « pas du tout confiance » dans les syndicats, seuls 5 % ayant « très confiance ». La même étude montrait que seuls 39 % des salariés estimaient que l’action syndicale est efficace

Source : http://www.senat.fr/rap/r20-722/r20-7223.html

 

Il faut dire que l’image véhiculée par les syndicats peut parfois apparaitre en décalage avec le monde d’aujourd’hui ; mais s’arcbouter pour défendre ce qui a été obtenu par le passé est aussi une garantie pour les salariés.

Même si les postures et la communication de certaines centrales syndicales, pour des raisons électorales et de représentativité, participent à brouiller les actions des délégués avec la base, leur utilité est indiscutable. Leur rôle de partenaires sociaux se traduit dans les chiffres :

Plusieurs milliers d’accords sont signés chaque année en France. Les représentants des salariés sont donc particulièrement actifs dans les négociations même si celles-ci deviennent plus compliquées dès qu’on aborde les NAO (Négociations Annuelles Obligatoires) et le sujet tendu des rémunérations.

Si les accords de branche au niveau national sont moins nombreux, il y a tout de même eu deux accords interprofessionnels très important en 2020 sur le Télétravail et sur la Santé au travail.

La crise sanitaire, malgré des conditions de négociation difficiles, a boosté le dialogue social puisque plus de 10 000 accords d’entreprises ont été signés l’an passé ! La plupart, il faut le dire, paraphés dans l’urgence pour gérer une situation d’exception (congés payés, télétravail).

Sources : https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/bnc2020_plaquette.pdf

 

Malgré une image écornée des syndicats et des relations sociales dans l’entreprise, les chiffres viennent rappeler qu’il existe bel et bien un véritable dialogue social en France.

 

Les ingrédients nécessaires :

Plusieurs facteurs « de base » contribuent à garantir un dialogue social de qualité :

  • L’intention des acteurs: Si les partenaires sociaux ont véritablement la volonté d’aboutir à un compromis, il y a toutes les chances qu’ils y parviennent.

 

  • Les actes : les bonnes intentions doivent se traduire sur le terrain par des attitudes qui favorisent les échanges constructifs :
    • Intégrer une posture d’écoute active
    • Accepter la contradiction
    • Limiter les effets pervers du jeu de la négociation façon « marchand de tapis »
    • Prendre en compte la parole des salariés
    • Intégrer la situation économique de l’entreprise
    • Faire des propositions
    • Etre créatif
    • Rechercher systématiquement le compromis
    • Coconstruire des solutions

 

Les notions de « sérieux » et de « raisonnable » sont très intéressantes et viennent enrichir les intentions et la posture. Elles sont développées par @ChristianThuderoz sur son blog :

https://thdz-negociationcollective.org/2021/06/20/iiiloyaute-bonne-foi-et-negociation-collective-reflexions-1/

 

Le support d’un tiers : Un vrai plus !

En tant que médiateur – facilitateur, je prêche ici pour ma paroisse car je suis convaincu qu’une personne étrangère à l’entreprise, ne connaissant pas l’historique des relations, ne sachant pas qui est le « méchant » et qui est le « gentil », peut apporter un autre angle de vue.

Une personne formée à l’écoute, expérimentée, rompue aux codes de la négociation peut par ses questions, ouvrir de nouvelles réflexions sans automatiquement générer la méfiance de l’un ou l’autre des acteurs.

La confidentialité est bien entendu un facteur clé pour que les partenaires et le médiateur puissent avancer de concert.

L’idée n’étant pas ici que le médiateur donne des conseils ou expose son point de vue ; son rôle est de saisir les mots ou les non-dits, les relever pour en faire des opportunités d’échanges et de compréhensions mutuelles.

Le médiateur devient un facilitateur pour communiquer différemment et efficacement.

 

Dans le cas d’entreprises qui passent le cap des 50 salariés, il m’apparait important de pouvoir compter sur un médiateur dans la mise en place d’un premier CSE ou de premières négociations en l’absence de syndicat dans l’entreprise.

Bien souvent, les premiers mois sont décisifs pour l’employeur comme pour les représentants de salariés qui ne sont pas encore formés et qui découvrent le dialogue social.

Apprendre et avancer ensemble au même rythme avec l’aide d’une tierce personne professionnelle, c’est donner toutes les chances à un nouveau partenariat constructif et pérenne.

 

L’enjeu est important pour les entreprises car un dialogue social de qualité favorise une bonne atmosphère au travail et des résultats économiques favorables :

Un document d’études de la Dares publié en septembre 2020, suggère qu’un dialogue social actif peut affecter positivement la productivité des entreprises.

« Dialogue social et performance : une étude sur données d’entreprises françaises », Document d’études, n° 240, septembre 2020.

 

Source : http://www.senat.fr/rap/r20-722/r20-7223.html

 On sait à quel point l’ambiance générale d’une entreprise est un critère pour décider de la rejoindre ou pas. Un dialogue social de qualité devient donc aussi un véritable outil de recrutement.

Plus que jamais, ces échanges sains et constructifs sont plébiscités par les employeurs comme par les salariés.

Les Grands Gagnants dans l’histoire ?

Les partenaires sociaux, les employeurs, les salariés et in fine … L’ENTREPRISE !

 

Frédéric Font,

S’écouter pour mieux s’entendre