Contexte :
Une agence d’intérim en 2022
4 salariés + le gérant
2 employées ne communiquent plus entre elles depuis 18 mois. Les accrochages par mails sont nombreux.
Le gérant, en copie des échanges et témoin des tensions, a provoqué plusieurs réunions d’échanges, de recadrages, sans résultat.
Sur les conseils de son expert-comptable, il propose une médiation à ses deux salariées qui en acceptent le principe. Il m’identifie suite à une recherche sur LinkedIn.
Il est pressé car il pense que la situation risque de se dégrader. Il redoute l’escalade vers des complications à venir : Arrêt de travail, Prud’hommes, Plainte pour harcèlement, …
Il est inquiet.
Je le rencontre le lendemain dans son bureau. Il m’explique que ces deux personnes sont d’excellentes professionnelles et qu’il ne tient pas à s’en séparer au vu de la conjoncture en matière de recrutement.
Je lui laisse une convention de médiation pour qu’il la propose aux deux personnes en conflit tout en lui disant que je suis disponible pour répondre à toutes questions.
Information :
Les deux personnes m’appellent pour me poser quelques questions notamment sur le sujet de ma neutralité et de mon indépendance.
Je les informe que je réponds à un code de déontologie et les rassure sur l’aspect confidentiel du dispositif. Je leur confirme également que je ne ferais pas de rapport au responsable.
Il aura simplement accès au résultat final de la médiation (des solutions ont été trouvées, ou pas) et aux informations que les deux parties voudront, d’un commun accord, lui fournir.
Le déroulé :
– Les entretiens individuels se déroulent dans un lieu confidentiel, loué pour l’occasion. Chaque entretien dure 1h30 environ. Chaque personne est invitée à relater sa version des faits. A l’aide de reformulations, de questions de clarification, je les invite à vider leur sac et à ne rien oublier.
Je leur demande comment elles se sentent et ce qui est important pour elles à ce stade.
Je les rassure sur le déroulé de la plénière prévue dans une semaine : je serais là pour faciliter la communication au sein d’un cadre structurant.
Elles savent qu’elles seront seules responsables des sujets abordés.
- La plénière débute avec beaucoup de tensions.
Chacune s’exprime ; les rancœurs sont vivaces et les anecdotes nombreuses.
Je « tire la pelote ».
Pour chacune d’entre elles, il est important de clarifier ce qui est dit.
Les ressentis, les impressions et interprétations sont systématiquement explorés. Petit à petit, on vient à parler de faits et uniquement de faits.
Des quiproquos, des malentendus finissent par être levés.
3h15 plus tard, je propose qu’on se revoie pour une 2ème plénière.
La fatigue est là mais tout le monde accepte de poursuivre la semaine suivante en réfléchissant à de possibles débuts de solutions.
Lors de la 2ème réunion, l’atmosphère est plus apaisée et des propositions sont rapidement mises sur la table.
Elles prennent conscience qu’elles ne seront peut-être jamais amies mais qu’elles peuvent travailler de façon apaisée, en professionnelles.
Les accords :
- Elles proposent finalement de travailler en horaire décalé pour éviter de trop nombreux contacts.
- Elles décident d’éviter de tout mettre systématiquement par écrit avec leur responsable en copie et d’utiliser le téléphone en première intention pour régler les soucis du quotidien
- Elles se mettent d’accord pour attendre le lendemain avant de répondre à un email qui les froisse.
- Elles demandent au responsable de clarifier leurs tâches respectives pour éviter les interprétations.
La communication :
Elles sont ok pour faire valider les questions relatives à l’organisation et aux définitions de postes par leur responsable.
Avec du recul :
Un an plus tard, le gérant me confie que la situation s’est bien apaisée suite à la médiation même si une des salariées a démissionné 8 mois plus tard pour un autre poste.
Le gérant reconnait que la situation s’était enkystée et n’avait pas été prise en compte assez rapidement. Cette expérience lui a permis d’être plus à l’écoute de son équipe et d’être plus clair dans les définitions de poste de chacun, chacune.
Il se dit prêt à refaire appel à un médiateur si nécessaire, y compris pour rétablir des liens avec un client.